DESTIN D' UN HOMME ( Số phận một con người )
Hagiang, le 9 mars 1945 .
Le jour commença à tomber. Dans la villa de M. Bui Tien Chu, chef de la province des hautes terres , toute la famille était en train de dîner. Tout à coup, on entendit dehors des voix de gens qui s’interpellaient, puis un coup de feu. M. Bui quitta la table pour savoir ce qui se passait. Mais à peine arrivé à la porte, il vit deux soldats japonais qui firent irruption. L’un d’eux cria quelque chose, puis tourna son fusil sur M. Bui et tira. L’autre frappa Mme Bui qui, portant son bébé dans les bras, courrait vers son mari. L’enfant tomba par terre, en poussant des cris effrayables.
Tout s’est passé très rapidement, en quelques minutes, mais s’est gravé à jamais dans la mémoire d’un garçon de huit ans qui était à ce moment-là caché sous la nappe de la table, et témoin, malgré lui, du drame qui frappa sa propre famille.
Et cette nuit- là, trois ombres, trois petits êtres tellement seuls et orphelins (l’aîné avait neuf ans, le cadet, six ans) suivaient les deux domestiques qui portaient le cadavre de M. Bui couvert par une natte pour aller l’enterrer. Le tombeau de M. Bui n’était pas surévelé, mais était plat. Toute la ville d’Hagiang était plongée dans l’atmosphère du cauchemar et terrorisée par l’armée impériale japonaise.
Cet enfant âgé de huit ans à cette époque-là est maintenant assis en face de moi, à la même table d’un restaurant asiatique de Paris 13éme. Il vient de me raconter ces instants effrayants avec un sentiment de rancœur sourd encore présent aujourd’hui .
C’est un homme âgé aux cheveux blancs. Son visage me semble familier mais en réalité inconnu. J’essaie de fouiller dans ma mémoire pour le situer. Enfin je trouve la situation amusante : Son visage ressemble à celui du président des Etats Unis George W. Bush.
Il prononce le vietnamien correctement, mais le parle lentement en cherchant ses mots. Il a quitté le Vietnam depuis 1955 et n’y est retourné qu’après un demi-siècle.Tout ce qu’il m’a raconté est un mélange de français et de vietnamien. Je peux le résumer en quelques lignes :
Il s’appelle Bui Thanh Giang, en français Louis Bui. Il a déjà 70 ans. Son père M. Bui Tien Chu, Vietnamien, il était le chef de la province de Hagiang ( au nord du Vietnam), sa mère Française Mme Bui Steiner Berthe Sophie. Il a deux frères : l’aîné M. Bui Tien Hung (Michel Bui, professeur - docteur en physique), le cadet M. Bui Thanh Son( Bernard Bui- ingénieur en électronique). Et lui, M. Louis Bui était militaire de carrière dans l’armée française.
En 1996 après avoir pris sa retraite, la nostalgie de ses racines s’accentuait et poussait M. Bui à retourner au pays natal avec sa femme . Ayant les cheveux noirs à son départ du Vietnam et les cheveux blancs à son retour, M. Bui se rappellait seulement du nom de son village qui était Côhôi de la province Thaibinh parce qu’ auparavant , son père l’amenait chaque été ainsi que ses frères pour passer les grandes vacances auprès des grands- parents.
Il se souvient et me raconte avec un sentiment d’anxiété : « C’étaient des années d’enfance inoubliables de joie infinie. Nous jouions à tous les jeux : cache-cache, colin-maillard, toupie, cerf- volant, les promenades à dos de buffle dans les rizières…
Son grand-père lui a appris beaucoup de choses notamment sur la culture du riz et l’ élévage des vers à soie. Mais il se souvient aussi des fessées et les coups de trique que son grand-père lui avait donnés à cause de ses bêtises…
Hanoi en 1996 n’était plus la même qu’à l’époque coloniale française et il en allait de même pour son village Côhôi . Il n’y avait plus aucun repère, plus aucune âme familière bien que M. Bui questionna de nombreux villageois à droite et à gauche. Tout le monde ignorait l’existence de la famille Bui dans les années 40 . M. Louis Buis était perdu , étranger au milieu de son village natal. Totalement désespéré, il pensait que c’était la première et aussi la dernière fois qu’il retournait au Vietnam parce qu’ici il ne ressemblait ni plus ni moins qu’à un touriste de passage .
Encore une fois, tentons, pensait-il, un dernier essai. S’approchant d’une vieille dame, il lui posa une question sur sa famille. Elle lui répondit que si on voulait vraiment savoir quelque chose avant l’année du Coq(1945) où beaucoup de gens mouraient de faim, il fallait demander à côté, au seul vieillard qui savait. Enfin, M. Bui le trouva. Ses traits lui semblèrent si familiers. Quand M. Bui prononca le nom de son père Bui TienChu, les mains très maigres du vieillard se mirent à trembler et il le prit dans ses bras. Il lui chuchota à l’oreille : « C’est moi, ton oncle. Toute la famille croyait que vous étiez tous morts… ».
Un sourire satisfait illumina le visage de M. Bui : « Enfin, j’ai trouvé ma famille. Quelle grande famille ! J’ai deux oncles et deux tantes et tellement de cousins et cousines. Ils sont tous à Hanoi et à Saigon sauf un qui reste au village natal que j’ai eu la chance de retrouver » .
Il amenait sa femme partout: d’abord au nord, après au sud du pays, grimpa dans la montagne, descendit vers la mer. Il lui racontait où il suivait son père et son grand-père dans son enfance. Il voulait que sa femme soit aussi admirative que lui en découvrant la beauté grandiose du pays ; pas n’importe quel pays au monde ! Sa fierté grandissait avec la connaissance de l’histoire du Vietnam contre les agressions étrangères, des hommes de lettres célèbres du pays, et parmi lesquels il y a des noms de ses ancêtres dont les stèles d’honneur au nom de Bui,dans le Temple de Confucius à Hanoi, en sont le témoignage.
Pour la deuxième fois, en 1999 M. Bui est revenu au Vietnam avec sa famille : sa femme et ses trois enfants. Il y est resté pendant trois mois pour rendre visite à tous ses parents et pour réapprendre à parler vietnamien correctement. Ses enfants ont eu l’occasion, non seulement, de visiter une terre extraordinaire mais aussi de découvrir le pays des ancêtres paternels.
Ensuite, ses frères ont amené leurs familles au Vietnam. Un de ses neveux a laissé ici « son cœur » en raison d’ un coup de foudre, car il y a trouvé sa moitié, une jolie vietnamienne. L’ambition de son neveu était de se marier et de travailler au Vietnam à la purification des eaux de source et l’amélioration des conditions de vie du peuple vietnamien grâce à son diplôme d’« ingénieur des eaux » obtenu en France. Son mariage avec une fille saigonnaise fut une grande joie pour la famille Bui.
M. Bui a invité son oncle et sa femme, ainsi que ses cousines en France. Lui et ses deux frères, à leur tour, ont fait visiter les merveilles du pays dont les célèbres châteaux et les vins sont cèlébres par delà le monde.
Depuis longtemps, la France influençait la vie culturelle du Vietnam. C’est pourquoi n’importe quel Vietnamien ne peut cacher sa fierté d’avoir mis les pieds sur la terre natale des grands écrivains comme Victor Hugo, Voltaire, Balzac…
Ayant retrouvé sa famille au Vietnam, M. Bui se trouve très attaché à son pays natal. Il souhaite qu’après sa mort, ses cendres soient emportées au Vietnam et soient déposées à côté du tombeau de son grand-père dans le village de Côhôi. Il me dit : depuis qu’il a trouvé ses proches, il joue souvent aux Loto et Euromillion en espérant gagner le gros lot pour pouvoir construire un jour un stade et un gymnase dans son village natal Côhôi , Thaibinh.
Parmi les multiples désirs et rêves des êtres humains , il en existe quelques uns qui se réalisent. Et heureusement , sur notre planète il n’existe jamais d’impôts sur les rêves. Eh bien, tout le monde peut rêver et désirer à volonté .
En lui serrant la main , je lui souhaite une bonne continuation, de beaux rêves et de gagner au loto. Peut-être, qu’un jour, dans le village de l’ancien nom Côhôi apparaîtra un stade plus grand que celui de My Dinh, si la chance lui sourit en gagnant le gros lot d’Euromillion . Est-ce que ce stade « tant désiré » existera un jour ? Peu importe, mais l’essentiel, c’est le grand amour de M. Bui pour son Vietnam.
En me quittant, il parle de sa mère qui est décédée brusquement quatre mois après que lui et ses frères aient été envoyés à l’Ecole française des orphelins à Hanoi. Il a encore deux tantes (les sœurs de sa mère) qui vivent maintenant avec leurs familles aux Etats-Unis. Mais lui, il reste plus attaché à sa famille paternelle au Vietnam.
Septembre, à Paris les rues brillent des rayons d’or du soleil . Je ne comprends pas pourquoi la conversation que je viens d’avoir avec M. Bui m’obsède tout au long de ma promenade. Le destin de chaque natif du Vietnam se lie avec les vicissitudes du pays. La situation géographique spécifique du Vietnam donna à l’histoire de ce peuple de nombreuses années de conflits, soit contre les agressions étrangères, soit de guerres civiles fratricides. Depuis des générations, il y a eu tellement de familles disparues, dispersées, séparées au cours de cette longue, terrible, et douloureuse période.Toutes les épreuves sévères sont gravées en chacun et peuvent transformer des vies en romans pleins de sang et de larmes.
Raconte-nous ta vie et tout ce que tu as vécu pour que nous te comprenions, pour que nous soyons plus proches, parce que nous sommes nés de la même terre, issus de la même Mère –Vietnam.
Paris, Septembre 2007
Quang Minh
Người post: ThaoDP
Ngày đăng: 21-04-2011 02:02
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